Son corps a quelque chose à dire. Ma fille 18 ans. 1er solo de danse sur une scène pro; j’ai fait l’aller retour sous la pluie battante, sous l’orage jusqu’à Nice. 800kms aller-retour dans le week end, je rentre épuisée et je ne regrette pas.
Elle m’avait prévenue ainsi que sa petite soeur : « juste tu sais maman, je me mets seins nus dans mon solo » « Ok ma chérie, c’est ton droit, si c’est ainsi que tu veux parler, tout est permis sur scène » « ça me gave tellement ce truc que les hommes eux peuvent être torse nu sans problème et nous non »
Sa parole ira beaucoup plus loin. « Des-espérances » le spectacle chorégraphié par sa professeur dans le cadre du festival Femmes en scène au Théâtre Francis Gag de Nice évoque la féminité blessée et abusée. Mais pas victime, ni soumise, ni dépressive. Une féminité qui dit sa révolte et surtout sa créativité et sa vitalité.
Quel bonheur de voir, à la suite de leur aînée, ces jeunes femmes oser un corps qui n’est pas là pour l’esthétique ni le voyeurisme du mâle. Un corps qui exprime sa puissance et sa douleur, son cri de vie pour la vie et contre rien.
Elle prend l’espace, elle se lance, magnifique roseau qui vibre d’émotion, l’ultime image c’est elle, chemisier ouvert, retournée, la tête à l’envers, le corps en pont , la bouche ouverte qui hurle en silence « c’est vous qui voyez les femmes à l’envers dans ce monde tordu » !
Je vois le cri de Munch, je pleure. Ma petite, mon bébé, qui est là femme toute entière à peine née, et qui parle avec son corps. Je suis fière. Je lui dis « tu es une belle et grande artiste ».
Elle n’a fait aucun compromis, elle n’a pas cédé à l’image de la féminité qui se doit d’être jolie, douce, docile et gracieuse. Aucune d’entre elles d’ailleurs. La grâce divine est là dans la colère, dans l’énergie de vie, dans leur courage.
Je me dis que je n’ai pas lutté pour rien. Que d’avoir récupéré ma vitalité et « mon corps qui parle » sert les générations futures : ma fille est une femme vivante qui délivre au monde un message de leadership sans aucune autre revendication que son incommensurable, inaltérable droit à la joie de vivre.
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Tu veux savoir comment donner corps à tes mots? Il reste deux places à mon stage d’avril.