Notre relation au monde passe par notre corps. Lorsque nous en sommes coupés, nous le sommes de la planète Terre. Et c’est pour cela que le monde actuel – fondé sur une prédominance du mental et cette coupure du lien au corps et à la Terre détruit la planète. Car la société des hommes s’est détachée de la relation à la Terre, a coupé le lien. Or, revenir à un monde sain et serein signifie revenir en nous à une relation saine et sereine avec notre corps.
La coupure du lien au corps et à la Terre : quelles conséquences ?
Ce qui nous éloigne de notre corps sont les traumatismes : qu’ils soient liés à la violence éducative ordinaire, à des interdictions récurrentes ou à des chocs reçus lors de notre enfance.
Pour ne plus ressentir la souffrance, nous préférons mettre en place des systèmes de survie qui nous coupent de nos émotions et de nos sensations.
Nous le remplaçons par des explications mentales, des justifications, de la philosophie, de l’idéologie… tout sauf du ressenti.
Or les sensations du corps sont ce qui nous ouvrent à la possibilité aussi de « ressentir la terre » d’être en connexion avec elle.
Quand nous existons par la tête, nous avons un rapport de consommation de la nature, mais pas de connexion. Nous l’utilisons pour le rendement agricole, pour l’exploitation industrielle, pour nos loisirs… oubliant le respect qui lui est dû.
De la même façon que les modes de vie et de travail ne respectent pas le corps et son rythme ! Nous agressons par notre stress et nos vies enfermés dans les routines de boulot et surcharge mentale, notre nature et la nature.
La conscience de la Terre-Mère : une question de génération ?
Elle est de plus en plus présente et a été concomitante avec la prise de conscience des émotions, du corps, de la notion de bien-être, de santé holistique…
Le rapport au corps a évolué et notre conscience de la nature avec.
Nous parlons là d’un rapport au corps qui recherche l’harmonie et le bien-être, pas la performance sportive.
Beaucoup de personnes dans le fitness sont dans un mode de vie relié à la technique, peu regardant des matières et utilisant toutes sortes de compléments alimentaires ou de vêtements rattachés à la surconsommation.
Tout le monde n’a pas la même sensibilité écologique selon les générations. Il y a clairement une évolution, mais cette sensibilisation n’est pas uniquement intellectuelle.
Les nouvelles générations qui ont été élevées dans le respect et dans l’éducation bienveillante sont naturellement respectueuses de leur mère terre et ont à cœur de dépolluer, de nettoyer, de vivre selon un style de vie écologique.
Par exemple, ma fille de 10 ans est sensible aux animaux. Elle ressent les plantes et ne veut pas qu’on fasse du mal aux arbres, c’est son « idée fixe ».
Les anciennes générations n’ont pas fait attention à la Terre
La terre, associée à la campagne, à la vie rude, éloignée de la culture raffinée des villes, des classes sociales élevées, a été méprisée.
Le corps, lui, était vilipendé par la religion et ses dogmes qui valorisaient la dimension spirituelle et éthérée. Écouter son corps et ses sensations était un danger de pécher (la gourmandise ou la luxure).
Au fil des siècles, l’idéal humain occidental est plutôt devenu un être ultra-civilisé, vivant dans un monde d’idées, avec un mode de vie moderne suivant le dernier cri des technologies…
Et qui regardait « de haut » les autres cultures plus primaires et reliées à la terre… ce dont on revient aujourd’hui !
Le mouvement alternatif et de la médecine holistique vont chercher du sens à la vie, des nouvelles façons de se guérir le corps et l’esprit en écoutant les sagesses ancestrales issues d’autres cultures.
Le grand dégât du progrès technique des glorieuses
Après-guerre, la société s’est lancée dans la grande reconstruction qui a aussi été le début de la société de gaspillage et d’exploitation des ressources. Tout le monde dit « il y avait d’autres priorités » il fallait nourrir la population, reconstruire les maisons…
J’ai un point de vue un peu différent. Les solutions ont été trouvées à l’époque grâce au progrès technique. Il y avait pourtant déjà des consciences et des voix qui s’élevaient pour prévenir du dégât. Il y aurait eu d’autres voies de reconstruction possible, en prévoyant le long terme si… les politiques de l’époque avaient eu un tant soit peu de sensibilité à la nature et à son respect.
Si les alertes des avant-gardistes n’ont pas été entendues, c’est vibratoire, c’est parce que les responsables politiques et décideurs économiques n’étaient pas du tout connectés à la terre et à même d’entendre son message.
Et c’est toujours le cas.
Les responsables politiques et la conscience de la planète
L’éducation des classes dirigeantes, je le sais, je suis passée par Science Po Paris, est un chemin intellectuel qui met de côté tout ressenti, émotion, sensibilité. Il faut être performant intellectuellement, fonctionnel. Le corps, la sensibilité, les sensations sont totalement exclus de ce paradigme.
Ma reconquête du corps après ce type d’études par l’art de l’acteur est allée de pair avec une conscience écologique croissante chez moi. J’ai fait mon premier stage de cuisine végétarienne à 20 et en quelques années, j’ai découvert les boutiques écolos à Berlin, bien avant que les premiers magasins bio n’ouvrent en France.
Enfin, j’ai fait le choix de construire et de vivre dans une maison en terre – paille. Cette maison est bonne pour mon corps. Je le ressens. Les murs de terre absorbent le stress et les formes douces et organiques des murs donnent une sensation de cocon pour la peau.
Cette sensibilité au corps, à la planète, à la matière, à la reliance avec les éléments naturels est la première chose qui disparaît chez les élites ultra-formées intellectuellement.
Leur monde est abstrait, c’est celui des réflexions, des concepts et des chiffres, pas de la sensation.
S’ils bougent les lignes vers un peu plus d’écologie, c’est pour répondre à une pression de l’opinion dans des buts électoraux la plupart du temps et moins par conviction profonde ou élan du cœur.
Une société totalement dépendante de la consommation
Le corps qui est coupé de ses sensations devient dépendant d’autre chose pour remplir le vide. Et cette première « autre chose » c’est la consommation qui le prodigue. L’être humain intranquille en lui-même ne peut se poser paisiblement pour faire ses choix de consommation. Il reproduit chaque jour dans le stress ses achats et ce dont il a besoin pour « se sentir bien ».
Les conditionnements sociaux ont heureusement évolué. Mais beaucoup de personnes sont encore dans la moquerie ou le déni de la nécessité de changer de modèle de consommation.
Tout simplement parce que leur égo ne peut pas se priver de la dépendance à la consommation. Les habitudes sont trop dominantes. Comment me passer de mon burger ? De mon gel douche au parfum exotique ? Tout ceci est tellement « normal ».
Certains enfin mettent en avant l’argument économique en disant qu’aujourd’hui se nourrir bio est trop cher.
Une fois de plus, je mettrai un gros bémol là-dessus.
Pour ma part, j’ai toujours fait ce choix ou presque et lorsque je m’en suis éloignée, pensant faire des économies, j’ai vite vu les dégâts.
Il y a toujours moyen dans un budget de faire des choix. Choisir de moins se déplacer, revoir ses achats de gadgets et de forfaits téléphones portables, etc.
Mais notre société repose sur de nombreux anciens traumas qui ont amené nos générations à fuir dans la surconsommation la conscience de leur souffrance et la possibilité de les guérir.
On cherche les sensations fortes et on est fasciné par la dernière technologie. Au sommet, les élites politiques qui devraient changer les choses sont les premières à vivre dans l’abstraction du mental, coupée du réel, du corps et de la vie… donc de la Terre.
Revenir au corps permet de retrouver le bon sens de la vie. Non que l’on rejette la créativité technique, bien au contraire : elle doit servir les inventions permettant aujourd’hui de vivre en respectant la planète.